Le nandina est l'un des rares arbustes à feuillage persistant dont la ramure change de couleur tout au long de l'année.
Deux mornes tuyas, à la ramure figée dans un vert éternel, toisaient d'un œil défiant un petit arbuste aux faux airs de bambou. « C'est quoi ça ? » dit l'un. « Un nandina », répondit l'autre. « Qu'est-ce que c'est que ce clown ? Il n'a pas arrêté pas de changer de couleur de feuilles depuis le printemps que je l'observe ! », dit le premier, levant les branches au ciel en signe d'incompréhension. « Il va falloir t'y faire », dit le second en soupirant, « parce que ce n'est pas près de s'arrêter. Et je ne te parle même pas des petites fleurs blanches d'été qui se transforment en baies rouges à l'automne. Avoir un nandina dans le voisinage, c'est carnaval toute l'année ! ».
Faux bambou
Le Nandina domestica, ou bambou sacré, est un petit arbuste originaire d'Asie dont le port, du fait de ses tiges rigides qui se ramifient assez peu, fait penser au bambou. En réalité, il appartient à la famille des Berberidaceaes, ce qui en fait un cousin du berberis ou du mahonia. S'il n'existe qu'une seule espèce de nandina, elle se décline en une soixantaine de cultivars au Japon, pays où il jouit d'une grande renommée. En France, on trouve seulement une dizaine de ces variétés qui diffèrent principalement par la taille (de 60 cm à 2 m), le port (compact ou érigé) et les teintes du feuillage.
Vrais atouts esthétiques
Les nandinas à port érigé ont tendance à se dégarnir légèrement à la base du tronc, ce qui leur donne une forme très graphique de petit arbre japonais. Mais c'est surtout par ses effets de couleurs que le nandina se distingue. C'est l'un des très rares arbustes persistants à voir son feuillage évoluer tout au long de la saison.
Ses jeunes pousses apparaissent roses ou rouges au débourrement, puis elles se parent d'un vert pâle qui va doucement foncer au cours du printemps et de l'été, avant de virer au rouge et à l'orange en automne et en hiver. Mais ce n'est pas tout ! De minuscules fleurs blanches munies de grandes étamines jaunes apparaissent en juillet sous la forme de grandes panicules coniques. Elles se transforment à l'automne en petites baies rouges très décoratives. Apparemment peu prisées par les oiseaux, celles-ci restent sur la plante très longtemps, jusqu'à se mélanger aux jeunes feuilles, et même parfois, aux fleurs de l'année suivantes.
Attention, elles sont toxiques.
Conseils de culture
Même s'il existe des cultivars hermaphrodites (Richmond par exemple), à l'origine, le nadina est une espèce dioïque. C'est-à-dire qu'il faut avoir un pied mâle pour féconder les fleurs femelles et obtenir ces fameuses baies si décoratives en plein cœur de l'hiver. Il est donc recommandé, si vous ne connaissez pas le genre des plants que vous achetez, d'installer plusieurs individus dans le jardin, d'autant que le regroupement de nandinas est souvent du plus bel effet. Contrairement à ce que l'on pense, c'est un arbuste assez rustique, qui résiste à des gelées prolongées de -12 °C. En revanche, il redoute les vents froids et desséchants, et mieux vaut l'installer bien à l'abri de ceux-ci. Il fleurira mieux en situation ensoleillée, mais dans les régions les plus chaudes, une exposition à mi-ombre est préférable car il n'est pas fanatique du soleil brûlant. Néanmoins, en sol frais, un nandina bien enraciné supporte correctement la sécheresse.
Le roi des pots
Sa croissance étant relativement lente et ses racines traçantes ne nécessitant pas une profondeur de terre trop importante (40 cm), le nandina s'adapte parfaitement à la culture en pot, ce qui en fait une plante vraiment très intéressante pour les petits jardins, les balcons et les terrasses.
Densifier la base
Si vous voulez éviter que la base du tronc ne se dégarnisse, taillez régulièrement les branches basses à la moitié de longueur afin qu'elles se ramifient.
Benoit Charbonneau